dimanche 14 septembre 2008

6

À l'école primaire, Joséphine était un véritable garçon manqué. Quand elle est partie en classe verte, elle était tout simplement déséspérée que les chambres des garçons et des filles soient séparés parce que franchement, les filles, c'était toutes des cruches pour elle. C'était les garçons, ses potes. Alors un soir, avec son meilleur copain Baptiste, ils avaient montés un plan ... Quand tout le monde (même la maitresse !) fut couché, eux ne dormaient pas encore. Ils se relevèrent et se retrouvèrent dans le couloir. Riant tout bas, ils y restèrent longtemps, projetant divers expeditions à l'extérieur, dans la nuit et la campagne... Bon, rien de tout ça n'arriva. Ils avaient trop peur pour sortir dehors, et en plus ils avaient froid. Ils voulaient retourner dans leurs lits mais pas se séparer... Finalement, Joséphine suivit Baptiste dans le dortoir des garçons. Tous les deux couchés dans le lit, cachés sous la couette, ils parlèrent encore un moment en riant tout bas ... Elle avait bien sûr prévu de retourner à son propre lit par la suite. Mais évidemment, quand on à 9 ans et qu'il est une heure du matin... Ils s'endormirent tous les deux dans le lit de Baptiste.
Au réveil, ce fut le scandale. La maitresse s'affolla, tous les autres élèves se mirent à les traiter d'amoureux...
Et puis la maitresse réalisa assez vite qu'elle n'avait pas à s'afoller, et puis les élèves continuèrent à les apeller "hou les a-mou-reux" mais ils s'en fichaient. Une fois toutefois Joséphine lui demanda, pour être sûre :
"J'suis ta copine hein, pas ton amoureuse ?
- Ouais. T'es ma meilleure copine mème.
- Beh toi t'es mon meilleur copain. "
Elle disait pas ça avec légéreté, ou simplement pour lui rendre ses mots ; elle disait ça parce qu'elle était sincère.
L'entrée au collège à séparé Joséphine et Baptiste. Elle aimerait bien savoir ce qu'il est devenu... Mais bon. Ça n'arrivera sans doute jamais. C'est pas si grave. Il reste le souvenir, et ce doux sentiment qu'on éprouve en repensant à son meilleur ami d'enfance.

jeudi 11 septembre 2008

5

(Isatis : Pas pu poster hier, mea culpa. )

Joséphine fume des joints parce que ça fait bien. Après, lointaine, elle se couche un peu n'importe où et regarde ce que font ses amies, bienveillante. Elle les observe et pense à elles, à leurs joies et leurs problèmes. Catherine, si gentille et si frivole en mème temps, qui a tout le temps peur de ne rien réussir ; Amélie, qui essaie toujours déséspérement de recoller les morceaux de sa famille éclatée et s'en prend continuellement plein la gueule ; Minh, tellement pleine d'optimisme et de bonne humeur ; Tina, elle en a pas l'air comme ça mais elle est enceinte - et alors ? Elle a 19 ans. Elle et son mec sont ensembles depuis l'âge de 15 ans. Les gens peuvent bien les traiter d'irresponsables, Tina s'en fout, elle sait que ce qu'elle fait est réfléchi.
Ouais, Joséphine fume parce que ça fait bien et après, simplement un peu plus décontractée que d'habitude, elle observe ses amies et se dit qu'elle les aime de tout son coeur. Voilà justement Minh qui s'approcha, s'assoit à coté d'elle et la regarde gentiment. Joséphine sourit, se relève et l'attire contre elle. Etreinte.
"Minh, je t'aime. "
Elle dit ça comme ça, Joséphine. Les choses sincères lui viennent vite et sans détour. Minh rigole et la serre aussi dans ses bras, doucement.
"Mais ouais, Jo. Moi aussi je t'aime. "
Jo, je t'aime, tu le sais, ma puce ?
Réminiscence brutale et amère. Elle entend encore la voix grave et douce à la fois de son père, en cette soirée d'été où ils étaient sortis se promener tous les deux. Les larmes lui montent aux yeux, et elle cache son visage dans l'épaule de Minh.

dimanche 7 septembre 2008

4

La couleur préférée de Joséphine, c'est le rouge. Pas super original, mais elle aime.
Son chiffre préféré, avant c'était le 12, sa date d'anniversaire. Maintenant, elle n'en as plus vraiment.
Sa fleur préférée, le coquelicot.
Son plat préféré, le chili con carne bien épicé - même si c'est pas du tout raffiné, comme dit Catherine.
Sa boison préférée, le thé glacé.
Son groupe de musique préféré... Il y en a beaucoup trop ! Mais peut-être les Arctic Monkeys.
Son livre préféré est sans conteste Acide Sulfurique, d'Amélie Nothomb.
Son animal préféré... la gazelle. Fine, élégante, toujours sur le qui-vive... C'est beau, une gazelle. Mais sinon elle aime bien les chats, aussi.
Nous pourrions continuer ainsi assez longtemps. Il faut dire que ce genre de questionnaires que l'on se fait passer de blog en blog sur internet sont souvent interminables. Mais quand elle n'a rien à faire, Josephine y répond... Ce n'est peut-être pas si inutile. Tous ces détails sur soi-mème, vous y pensez souvent, vous ? Si Josephine n'en parle pas, elle se dit qu'elle risque d'oublier un jour des détails tel que "sa couleur de sous-vétements préférée" où "son morceau de musique préféré du moment". Et même, pire que ça ! Si on ne lui pose pas la question, le réalisera-t-elle, qu'elle met le plus souvent des boxers noirs et qu'elle écoute "Californication" en boucle depuis hier soir ? Non, peut-être pas ! Alors que ça fait partie d'elle. Chaque détail fait partie d'elle.
Bien sûr, elle ne prétend pas trouver son identitée dans ces tests à la con. Mais il faut bien faire passer le temps.

mercredi 3 septembre 2008

3

"Attends... lui ? Lui ?! Non, là, t'abuses !"
Josephine rigole. Catherine est très porté sur les garçons... elle, pas tellement. En fait le truc, c'est qu'elle ne flirte pas ; elle tombe amoureuse. Pas forcément très souvent... mais quand ca arrive, c'est foudroyant. Et là, voilà, il y a ce garçon.
Yasmine, en terminale S. Il est excessivement prévenant, rigole pour un rien et n'est pas forcément très beau. Elle l'a rencontré la semaine dernière à une fête organisé par un ami qu'ils se sont avérés avoir en commun. Ils ont passés la soirée puis la nuit à rigoler ensemble. Et c'est vrai qu'il n'est pas très beau, Yasmine, mais si vous pouviez voir les étoiles qu'il a dans les yeux quand il rigole ! Et il est si gentil. Josephine devait rentrer à pied, alors il l'avait accompagné jusqu'à chez elle. Arrivée, elle se sentait assez heureuse et soûle pour l'embrasser passionément, mais le prude baiser sur la joue qu'il lui laissa comme au revoir la coupa. Elle était rentrée chez elle le coeur battant et, courant à l'étage, avait regardé par la fenétre sa grande silhouette disparaitre dans l'obscurité.
"T'es sûre, Joséphine ?"
Catherine insiste. Elle a du mal à concevoir qu'on puisse tomber amoureuse d'un garçon n'ayant pas minimum 7 sur 10 sur l'échelle du sex appeal. Josephine hausse les épaules, souriant doucement.
"Ouais... Sûre et certaine. "
Son ton est si rêveur que Catherine n'insiste pas. Oui, c'est bon, elle a bien compris : Josephine est amoureuse.

dimanche 31 août 2008

2

Aujourd'hui Josephine à 17 ans... mais c'est aussi ce jour-là que deux mois plus tôt, jour pour jour, son père les as quittés. Impossible d'étre très joyeuse, avec ça. Le pire, c'est sa mère ; toujours à déprimer. Elle s'en remet pas. Elle ne pleure plus toutes les nuits, mais presque. Elle va chez le psy chaque semaine et se bourre de médicaments inutiles. Josephine a envie de lui dire que merde quoi, mème elle elle s'est remise plus rapidement quand Thomas l'a largué ! Mais elle ne voit pas à quoi ca servirait de s'énerver ainsi contre sa mère, à part à enclencher une dispute et à les rendre malheureuses toutes les deux. La vieille n'a vraiment pas besoin de ça, vu son état.
Et puis, ce que Joséphine ne dira pas, c'est qu'elle-même a un trou dans la poitrine. Un trou qui ne se comble pas, qui ne se comblera jamais. Elle peut bien jouer celle qui le vit bien et s'en remet, car c'est la vie, car il faut avancer... Quelque chose en elle s'est brisé deux mois plus tôt, et au jour près. Elle a mis de la colle et du scotch, elle a tout rafistolé vaillament, mais la vérité c'est que certaines blessures ne guérissent jamais.

jeudi 28 août 2008

1

Josephine n'en revient pas. Son père est mort, mort sur la route, qu'on lui dit. Ça meurt, les papas ? Non, elle ne peut pas y croire. Alors elle s'enferme dans sa chambre, écoute ses cds favoris et va sur internet, tranquillement. Comme si de rien n'était. À moment donné toutefois, elle doit bien monter le son pour ne plus entendre les sanglots de sa mère.
On toque à la porte d'entrée. Juste au changement de chanson, une chance, sinon elle ne l'aurait pas entendu. Elle voit bien que sa mère n'est pas en état de recevoir qui que ce soit, alors elle y va elle-mème. Un homme à l'air grave se tient là. Il lui parle de fàçon très calme, très diplomate ... Sans le moindre mot cru, il lui explique qu'il raméne les affaires que son père a laissé au bureau. Elle les prends, le remercie, et remonte dans sa chambre.
Voyons voir... Une veste. La grande veste brune et moche comme tout que met tout le temps son père. Les poches sont très grandes, assez pour y ranger mème un livre - il lit toujours dans le metro. Elle y glisse sa main...
Ce n'est pas un livre qu'elle trouve. C'est un cd de musique neuf, encore dans son emballage plastique. Sur la jacquette, le capot d'une voiture et la route. Josephine sent son coeur se serrer devant l'ironie de la situation. Elle veut déballer le cd mais, nerveuse, n'y arrive pas ... elle finit par s'enerver, se saisit d'un cutter et raye le boitier en déchirant le plastique. Elle s'en fiche. Elle met le cd dans le lecteur de son ordinateur qui lance, au hasard, la chanson numero 2.
C'est beau. C'est doux. Elle n'écoute pas les paroles, en anglais... jusqu'à ce qu'elle entende son nom.
"Josephine... I'll send you all my love... "
Un grand frisson la parcourt. Quelque chose se casse en elle car brusquement, elle comprend.
" ... Papa... "
"My Josephine... "
"Pa... papa... "
Les larmes coulent sur son visage. Son coeur se serre. Sa poitrine se contracte. Elle éclate en sanglots.
"Oh, Papa, Papa... Papa !!"
Josephine pleure à son bureau, le visage dans les mains. Longtemps, longtemps.
" ... And when i'm far away - oh, so far away - ... I'll send you all my love... "